Négociations télétravail : voie sans issue ?

La négociation d’un nouvel accord télétravail s’est ouverte le 6 décembre. La direction a présenté son projet d’accord, bien éloigné des revendications de la CFDT. La route pour aboutir à un compromis risque d’être longue, elle sera peut-être même sans issue. D’autant que pour parvenir à un compromis acceptable, il faut pouvoir discuter…

Principaux éléments des propositions de la direction :

– Pas d’extension du télétravail,

contrairement à la demande syndicale de passer à trois jours par semaine, plébiscitée par une grande majorité des salariés AG2R et conforme à la moyenne des jours de télétravail en France qui est de 3,6 jours.
Les organisations syndicales ont ouvert la porte à la discussion en acceptant de transformer leur demande d’un troisième jour en une revendication d’un quota de 25 jours de télétravail “flottants” supplémentaires.
Refus de la direction.

– Une indemnité de 2 euros par jour de télétravail,

donc entre 16 et 20 euros maximum par mois. La proposition est loin de la demande syndicale. La CFDT revendiquait une indemnité au moins double, considérant que les frais inhérents au télétravail doivent être couverts. Pour débloquer la discussion, la CFDT a indiqué en fin de réunion qu’elle était prête à accepter une indemnité de 2 euros 50 par jour.
Refus de la direction.

– Une contribution pour équipement au domicile de 100 euros

En complément des équipements déjà fournis au télétravailleur, l’entreprise contribuera, dans la limite maximale de 100€ par collaborateur, aux dépenses engagées par le collaborateur pour l’équipement (double écran, fauteuil de bureau, repose poignets…). Cette contribution serait attribuée en une seule fois, non renouvelable et sans rétroactivité.
La CFDT a demandé que cette contribution soit rétroactive. En effet, d’une part beaucoup de salariés se sont déjà équipés lors de la période de confinement et d’autre part cette contribution était réclamée par la CFDT depuis presque deux ans.

La DRH doit envoyer un nouveau texte amendé avec ses ultimes propositions rapidement.

Mais les négociateurs syndicaux ont pu mesurer les positions intransigeantes de la DRH lors des discussions : aucune extension du télétravail possible et une indemnité financière strictement limitée par les contraintes budgétaires.

Ce type de négociations démontre la limite de l’exercice : la DRH négocie avec un mandat strict fourni par le Comité de Direction Générale et n’a pas de marge de manoeuvre durant la discussion.

Même si la DRH relaye le discours de ce CDG, les arguments des négociateurs syndicaux ont peu de chance de faire bouger la position de la direction car ils ne peuvent pas les développer devant les vrais décideurs.
De plus, même si la DRH déploie toute sa maitrise des sujets et sa diplomatie pour expliquer les positions du CDG, elle ne peut se substituer complètement à lui et clarifier toute la genèse des décisions prises.

Les organisations syndicales sont donc face à un CDG fantôme, mais un fantôme qui intervient dans le monde réel des salariés AG2R.

Que se passera-t-il si les organisations syndicales ne signe pas le nouvel accord télétravail ou si le nombre de signataires est insuffisant ?

En théorie, c’est la mort du télétravail chez AG2R et tous les salariés reviennent sur site 5 jours par semaine.

Cette situation semble improbable, tant les impacts sociaux et les conséquences sur l’organisation du groupe seront importants.

Reste la solution d’une décision unilatérale de l’employeur qui sera juridiquement valable. Mais dans ce cas, le télétravail sera du seul ressort de l’employeur, sans réel contrôle des représentants des salariés, et avec des règles fixées arbitrairement.

Comme vous pouvez le constater, les organisations syndicales subissent une pression dans ces négociations assimilable à du chantage.

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droitdanscesbottes
droitdanscesbottes
2 années il y a

soyez courageux et cohérents : aucun effort de la direction générale, refusez de signer, ou lancez 1 vote auprès de vos adhérents. Nous verrons bien si la direction générale ne veux pas négocier…

anonyme au milieu de la foule des mécontents
anonyme au milieu de la foule des mécontents
Réponse à  droitdanscesbottes
2 années il y a

L’article présente bien la situation et le dilemme : signer un accord qui est loin de ce que réclame les salariés mais garder l’essentiel des avantages actuels ou refuser de signer et prendre le risque de laisser seule la direction de tout décider. Moi, je suis de l’avis de droitdanscesbottes : ne pas signer pour ne pas céder à un chantage malsain. Reste une solution : comment Alexandre a-t-il résolu le problème du noeud gordien ? Il a sorti son épée et tranché le lien.
Il faudra certainement que les salariés se mobilisent un jour et renversent la table pour remettre un vrai dialogue social au centre des négociations.

suggestion
suggestion
2 années il y a

Bonjour,
Il est très étonnant et triste de constater que “Négociations télétravail” ne soit pas une négociation, mais un monologue à sens unique.
Je suggère, non pas de “faire grève” ou de débrayer mais plutôt, de faire revenir sur site, tous les télétravailleurs 5 jours/5. L’impacte devrait faire réfléchir notre Direction.

Inconnu
Inconnu
2 années il y a

Et les salariés qui continuent de faire des efforts pour modifier leurs jours de télétravail afin de respecter une jauge sur les centres de gestion….
Mais où sont passées les économies réalisées par AG2R lors des confinements successifs depuis 2020 ?
Face à une direction sourde et non ouverte au dialogue, REBELLION !!!!

Lassitude
Lassitude
2 années il y a

Et aucune proposition concernant l antériorité des jours télétravaillés depuis mars 2020 ??? Mais oui bien sûr !!! Nous n étions pas productifs !! Une honte !!!

Ni plus & surtout moins....
Ni plus & surtout moins....
2 années il y a

Catastrophique, quand on regarde les négociations dans les autres GPS…..Quelle tristesse, quelle sera la prime de départ de MR RENAUDIN!!!

Dartagnan
Dartagnan
2 années il y a

Merci pour ce retour précis qui délimite bien les contours de la tentative de négociation (simulacre serait plus approprié). Cela mesure aussi le respect de nos dirigeants sur les efforts effectués par le personnel pendant la pandémie. En retour, la confiance des salariés envers les dirigeants diminue de jour en jour. Pour réussir à redonner cette motivation, il faut que la direction enlève les oursins de ses poches sachant que l’entreprise a effectué plus de 30M € d’économies en 2020 et que le budget proposé est très inférieur à 10% de cette somme. Donnant-donnant ou gagnant-gagnant ça ne leur parle peut-être pas… La direction n’a rien à gagner à rester sur une posture aussi rigide et inexplicable.

denis moitrier
denis moitrier
2 années il y a

Bonjour, merci de ce retour. Concernant le complément des équipements déjà fournis au télétravailleur, l’entreprise contribuera, dans la limite maximale de 100€ par collaborateur, aux dépenses engagées par le collaborateur pour l’équipement (double écran, fauteuil de bureau, repose poignets…)quelles ont les modalités pratiques pour se faire indemniser ?

retour5jours
retour5jours
2 années il y a

si la direction ne souhaite pas faire d’effort, ne signons pas ce nouvel accord . Revenons à 5 jours, juste pour leur montrer qu’on ne cédera pas au chantage.

Anonyme
Anonyme
2 années il y a

J’en reviens pas de refuser le 3eme jour notamment pour les risques psycho-sociaux tout en voulant nous faire passer sur du flex-office où l’on perd une place attitré et donc un repère psychologique.

L’argument de notre bien-être, c’est vraiment quand ça les arrange.

Stop
Stop
2 années il y a

ras le bol des demi mesures, ras le bol de la Direction qui ne négocie rien, ras le bol des syndicats qui a chaque fois signent en nous faisant le coup des “c’est mieux que rien”!

Ne signez rien et laissez donc la direction se justifier pour l’absence d’accord devant les salariés, la presse spécialisée, le ministère du travail si les accords dans les grands groupes sont un peu regardé. Faites du name and shame, utilisez les médias. bref battez-vous.

perso, tous les syndicats qui signeront ce pseudo accord, je déchirerai leurs tracts directs aux prochaines élections.

En réponse à stop
En réponse à stop
Réponse à  Stop
2 années il y a

Et moi raz le bol des soit disants révolutionnaires qui pratiquent la politique de la terre brulée. Facile de dire “battez-vous” planqué derrière votre écran, en appelant de façon anonyme à rejeter à la fois la direction et les syndicats.
Et quand la terre sera brulée, qui va replanter et surtout comment ?

leturgez sabine
leturgez sabine
Réponse à  En réponse à stop
2 années il y a

Qui peut rappeler combien de salariés ont signé la dernière pétition et combien seraient prêts à se mobiliser par un débrayage ?

cfdt-ag2r

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