Retraites : la CFDT refuse toute réforme paramétrique

À Lyon, les syndicats CFDT réunis en congrès ont délivré un message fort au nouvel exécutif : hors de question d’accepter une réforme qui augmenterait l’âge de départ ou la durée de cotisation.

« Ça suffit ! » Le message délivré à propos des retraites par les syndicats de la CFDT lors du congrès confédéral de Lyon est clair. Lors des débats, les syndicats ont voté à 67,5 % un amendement qui indique que la CFDT ne fait plus le lien entre durée de cotisation et gain d’espérance de vie. Pour le dire autrement, les syndicats ont estimé qu’il n’est plus question d’augmenter la durée de cotisation en cas de gain d’espérance de vie. 

Si ce vote ne change pas la position de la CFDT qui n’accepte pas une hausse de la durée de cotisation à court ou moyen terme, il témoigne de l’extrême sensibilité des syndicats sur le sujet des retraites. À travers ce vote, il y a le souhait d’envoyer un message fort au président de la République, qui a fait du recul de l’âge légal de départ à la retraite un des marqueurs de sa campagne électorale. 

« Je reviens du congrès avec un mandat ferme, résume Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Il n’est pas question de toucher à l’âge légal ni à la durée de cotisation. Le gouvernement le savait, mais il en a une nouvelle confirmation. S’il s’aventure à jouer sur ces deux paramètres, il aura la CFDT contre lui. »

L’urgence n’est pas là

Depuis des mois, la CFDT le dit et le répète, il n’y a pas d’urgence en matière de retraites. Il est vrai que certains régimes ont des besoins de financement mais ceux-ci ne sont pas d’une ampleur qui justifierait un passage de l’âge minimal de départ de 62 à 65 ans. 

D’ailleurs, cette mesure est particulièrement injuste puisqu’elle ne touche que les personnes ayant commencé à travailler jeune et suffisamment cotisé pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein dès 62 ans. « On peut très bien se mettre autour d’une table afin d’examiner les mesures à prendre, mais il faut pour cela que le gouvernement cesse de mettre en avant les 65 ans, ce qui n’est qu’un slogan, un marqueur politique peu efficace. Je dirais même contre-productif tant la mesure fait l’unanimité contre elle », analyse Frédéric Sève, secrétaire national chargé du dossier des retraites.

La question du besoin de financement des régimes est d’autant plus ambiguë que le président de la République semble avoir une vision très large du dossier. Il laisse entendre que le passage à 65 ans permettrait de dégager des marges de manœuvre financières pour d’autres politiques publiques, notamment la perte d’autonomie. Or la CFDT ne partage pas cette approche. « Oui, il y a nécessité de trouver de nouveaux financements pour l’éducation, la santé ou la dépendance, mais cet effort doit être juste et partagé par tous les citoyens, donc par l’impôt », insiste Frédéric Sève. 

S’attaquer aux injustices

En matière de retraite, la CFDT compte aussi avancer, durant le nouveau quinquennat, sur des sujets majeurs comme la pénibilité, le minimum de pension, l’emploi des seniors ou encore la retraite progressive. « La retraite, ce n’est pas qu’une question d’âge, poursuit Frédéric Sève. Il existe des injustices dans le système actuel, et il serait temps de s’y attaquer. L’échec de la dernière réforme des retraites a mis à mal l’idée d’une grande réforme systémique, comme l’appelle de ses vœux la CFDT, mais cela ne signifie pas que nous avons renoncé à obtenir du mieux pour les salariés. »

Vu la situation politique actuelle, difficile de savoir à quoi s’attendre. Seule quasi-certitude : la réforme des retraites ne devrait pas être abordée en urgence au cours de l’été – comme cela avait été, un temps, envisagé. D’ici là, les quelques mesures relatives au pouvoir d’achat annoncées par le gouvernement, notamment celle sur l’augmentation des pensions autour de 4 % pour faire face à l’inflation, devraient être entrées en vigueur.

Reculer l’âge de la retraite : un coût dont on ne parle pas.

Les travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR) montrent que tout report de l’âge de départ a un coût pour les finances publiques puisque les travailleurs qui ne sont plus en activité vers la fin de leur carrière sont pris en charge par d’autres organismes. Le décalage de l’âge de départ à la retraite engendre incontestablement des coûts pour lesdits organismes. 

Le COR a d’ailleurs montré qu’en travaillant davantage, les personnes accumulent plus de droits mais ceux-ci ont également un coût pour le système. 

Décaler l’âge de départ à la retraite permet sans conteste de faire des économies, mais pas forcément au niveau des montants annoncés. L’intérêt financier de cette réforme dépendra finalement beaucoup de l’évolution de l’état du marché du travail et du taux d’activité des seniors.

Actuellement, quatre nouveaux retraités sur dix n’étaient plus en emploi l’année précédant leur départ à la retraite.

Reculer l’âge de la retraite : injuste et pénalisant pour beaucoup de salariés.

« Repousser l’âge légal de départ à la retraite, ça pénalise les travailleurs aux carrières les plus hachées, ceux qui ont les métiers les plus pénibles. C’est brutal parce que ces personnes ne sont pour la plupart plus en emploi au moment où elles liquident leurs droits à la retraite », insiste Laurent Berger.

De plus, comme le dénonce la CFDT depuis des années, le report de l’âge minimal de départ sans toucher à la durée de cotisation minimale ni à l’âge de départ sans décote (aujourd’hui variant de 65 à 67 ans) revient à faire porter l’effort en matière de retraite aux personnes qui ont commencé à travailler jeunes et qui avaient donc la possibilité de faire valoir leurs droits à pension dès 62 ans.

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