Le projet SKY : le tour de passe-passe de la direction.

La direction applique maintenant la méthode agile à tous les niveaux. Elle s’adapte à toutes les circonstances et a décidé de s’essayer à la prestidigitation. En 2021, elle présente un projet, en 2023 elle le change, et en 2024 elle ressort de sa manche celui de 2021 modifié en vous disant que c’est le même !

En novembre 2021, la direction a présenté au CSE un projet informatique d’ampleur, le projet SKY. En décembre 2022, elle indique mettre en œuvre un autre projet, qu’elle présente comme le projet originel modifié à la marge.

Or, la moitié du projet est transformée, ainsi que les financements et les modalités de mises en œuvre.

Que cela ne tienne, le projet est pour la direction le même : il s’agit de mettre en place une nouvelle plateforme informatique. Le coût des transformations : un détail pour la Direction… Le projet originel devait être proposé sur le marché et générer des profits : un détail pour la Direction … Le CSE avait donné son accord pour travailler avec Almeyris finalement, on va travailler avec Almeyris et Cegedim : encore et toujours un détail pour la Direction …

Le projet d’origine.

Le projet Sky avait pour but de nouer un partenariat stratégique avec Almerys , afin de coconstruire une plateforme informatique de gestion de nos contrats santé et prévoyance, pour en faire une référence sur le marché et générer des revenus pour le Groupe à terme. En effet, la nouvelle plateforme informatique de référence avait vocation à être proposée à l’ensemble des acteurs marché afin d’en mutualiser les coûts.

Le projet prenait la forme d’une plateforme de marché BE-IVS, co-entreprise entre le Groupe BE-YS / Almerys et AG2R LA MONDIALE. AG2R LA MONDIALE mettait à disposition de BE IVS des ressources humaines sur la base du volontariat. Les salariés AG2R étaient de fait en situation de détachement par une convention de mise à disposition et la signature d’un avenant à leur contrat de travail.

La consultation qui avait été demandée au CSE en 2021 ne portait que sur trois questions :

1.      Est-il nécessaire de se doter de nouveaux outils informatiques dans notre activité santé/prévoyance ?

2.      Le cas échéant, est-il judicieux de développer une solution externe, en partenariat, destinée à être ouverte au marché plutôt qu’une solution interne ?

3.      Et enfin, dans le cadre d’un partenariat, Almerys est-il le bon acteur ?

Sur la première question, la nécessité de développer une nouvelle solution informatique pour nos activité santé et prévoyance, la CFDT était convaincue que l’affaire est entendue. Nos outils actuels sont vieillissants, couteux en maintenance et peu évolutifs. Aujourd’hui, en 2024, l’analyse est toujours d’actualité.

Cependant, une fois la décision prise de changer d’outils, il fallait arbitrer en 2021  entre développer de nouvelles solutions en interne ou en externe. La direction affirmait qu’un auditeur avait jugé qu’une évolution des outils existants aurait un coût trop important pour le groupe. A noter qu’en termes budgétaires, les élus CFDT n’avaient pas pu obtenir les éléments suffisants pour juger du gain économique de développer une solution en externe.

L’autre argument avancé par la direction était que notre direction informatique interne n’est plus dimensionnée et structurée pour développer de nouveaux outils informatiques. La CFDT avait jugé cet argument, entendable, mais elle avait pointé (sans avoir de réponse) la question du modèle futur de la direction informatique du groupe, de son périmètre et de son niveau d’emploi.

En 2021, à la suite de la décision de développement externe, la direction avait donc choisi de travailler avec Almerys.

La direction avait indiqué qu’Almerys avait été retenu, car il co-finançait le développement. De plus Almerys est un partenaire fiable depuis 20 ans du groupe sur l’activité tiers payant.

A noter que la CFDT avait posé comme alternative possible en 2021 le choix d’une solution de marché existante que l’on pourrait adapter. La CFDT avait évoqué par exemple le produit de CEGEDIM, utilisé par Via Santé. La direction avait rejeté catégoriquement cette solution en indiquant qu’aucun produit de marché ne répondait au cahier des charges.

Le nouveau projet

Aujourd’hui, la direction fait le constat qu’ Almeyris n’a pas respecté certains de ses engagements et les objectifs fixés, notamment sur la partie santé. Des retards très conséquents ont été pris concernant la livraison des briques informatiques. Il faudrait donc changer de cible, garder le bénéfice des travaux déjà effectués avec Almeyris sur les produits prévoyance, mais prendre une solution de marché déjà construite pour la santé : le produit Cegedim, tant décrié en 2021 !!!

Après débat avec la direction, la CFDT avait rendu un avis favorable en 2021 sur le projet SKY.

Mais l’avis rendu était sur un projet qui n’est plus celui qui sera mis en œuvre :

  • La moitié du projet (la santé) sera confié à un autre prestataire, avec seulement une adaptation d’un produit existant. Pourquoi ce qui n’était pas possible hier l’est aujourd’hui ?
  • La perspective de construire et d’offrir une nouvelle solution complète santé et prévoyance sur le marché et d’en retirer des profits est-elle toujours viable ?
  • Quels seront les coûts de la transformation du projet, dans le contexte actuel d’économies de fonctionnement pour le groupe ?
  • Et surtout, l’avis du CSE n’avait pas été demandé sur le déploiement de la future solution, car l’avis ne pouvait être recueilli qu’après construction de la solution. De ce fait, les impacts du projet sur l’organisation du groupe et sur l’emploi n’avaient pas été étudiés, car ces impacts n’étaient pas mesurables. En 2024, la direction a choisi définitivement les solutions et à planifié leurs déploiements. Quand seront étudiés les impacts ? Pourquoi le CSE n’est-il pas consulté comme le prévoit la loi ?

On le voit, par un joli tour de passe-passe, la direction générale laisse une nouvelle fois de côté les partenaires sociaux, que ce soient les représentants du personnel ou les conseils d’administration.

Malgré leurs réserves, les élus CFDT avait rendu un avis favorable en 2021 sur le projet SKY. En revanche, les élus CFDT avaient bien noté que leur avis n’était pas demandé sur le déploiement de cette future solution dans le groupe, avis qui ne pouvait être recueilli qu’après construction de la solution.  Les élus CFDT se réservaient donc la possibilité de s’opposer au projet SKY dans les consultations ultérieures.

C’est certainement ce dernier point qui pousse la direction à se transformer en prestidigitateur qui escamote les informations. En effet, quelle est la meilleure façon d’éviter les questions gênantes sans passer en force : le tour de passe-passe.

Pour la CFDT, si la nécessité de changer d’outils informatiques est indiscutable, les choix d’outils et les conditions de mise en œuvre auront des conséquences très lourdes sur l’emploi et les conditions de travail des salariés. Les représentants du personnel ne peuvent pas se contenter de 4 slides présentés lors d’une réunion de CSE en janvier pour clore le dossier.
C’est pourquoi la CFDT exige qu’une consultation du CSE soit organisée, avec un dossier d’informations détaillé et complet.

Lire aussi :

Décembre 2021
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
cfdt-ag2r

GRATUIT
VOIR