Négociations salariales 2022 :  au compte-gouttes.

Les négociations 2022 ont débuté au compte-gouttes alors que l’inflation atteint 3,6% sur un an. Les organisations syndicales revendiquent une augmentation générale des salaires de 4% et la direction propose 0,8% pour les seuls salaires annuels inférieurs à 35 000 euros.

Les négociations avaient commencé sous de mauvais auspices, car lors de la construction du budget 2022, la situation économique n’était pas encore celle d’aujourd’hui. Les conseils d’administration avaient juste voté une revalorisation salariale de 1,5% pour 2022.

Depuis, l’inflation est apparue et elle est calculée à 3,6% en février sur 12 mois glissants. 1,5% d’un côté et 3,6% de l’autre : le fossé est énorme et la perte de pouvoir d’achat envisagée pour les salariés n’est pas admissible.

C’est pourquoi l’ensemble des organisations syndicales ont écrit au conseil d’administration pour qu’il prenne en compte cette situation nouvelle et qu’il accepte de donner plus de marges de manœuvre financière à la Direction générale pour les négociations salariales.

La réponse du Conseil d’administration n’était pas encore parvenue aux négociateurs lors de la dernière réunion de négociation.

Résultat : la direction a fait une proposition limitée à 1,6% d’augmentation de la masse salariale.

Cette proposition prenait en compte une hypothétique revalorisation des salaires au niveau de la branche professionnelle :

  • – Une augmentation de 7% de la Rémunération Minimale Mensuelle Garantie 1A qui sert notamment à calculer la prime d’ancienneté
  • – Une augmentation de 3% des autres RMMG, mais sans application de la garantie d’obtention de 85% de cette augmentation au salaires réels supérieurs aux RMMG (
    Il faut savoir que 95% des salariés AG2R ont un salaire supérieur à cette RMMG).

Attention : ces mesures ne seraient applicables que si un accord de branche est valablement signé.

A ces augmentations de branche, la direction ajoute un « effet report » des mesures salariales décidées en juillet 2021 sur 2022, soit 0,38%.

Elle ajoute également les passages automatiques des niveaux de classification de A vers B et de B vers C, qui provoquent 0,14% d’augmentation de la masse salariale.

L’addition de ces différentes mesures aboutit à un total de 1,3%.

Resterait donc 0,3% que la direction compte répartir en :

  • – 0,20 % de la masse salariale pour les augmentations individuelles
  • Et 0,1% de la masse salariale pour les augmentations collectives, sous la forme d’une augmentation de 0,8% pour les seuls salaires inférieurs à 35 000 euros annuels.

Détails d’un calcul alambiqué qui aboutit à une goutte d’eau.

Cout total : 1,6% de la masse salariale (y compris les mesures de branche improbables)

Problème, et de taille, dans le calcul de la direction : le postulat que la branche aboutira à un accord, ce qui est loin d’être envisageable.

Donc, vous l’aurez compris, si vous avez un salaire inférieur à 35000 euros annuels, la direction compte vous octroyer une augmentation générale de 20 euros bruts maximum par mois à partir du mois de juin seulement.

En revanche, si vous avez un salaire supérieur à ce plafond, vous n’aurez rien !

De plus, la direction se refuse à verser une prime « macron » (PEPA) cette année.

Face à cette situation qui comporte de nouveaux éléments depuis la construction du budget 2022, les organisations syndicales AG2R ont écrit le 1 mars au Directeur général du groupe pour présenter leurs revendications.

Texte du courrier au Directeur général du groupe

Monsieur le Directeur général,

Vous avez ouvert les négociations annuelles obligatoires dans l’UES AG2R pour l’année 2022.

Depuis la dernière réunion le 21 février, de nouveaux éléments nous conduisent à formuler des propositions intersyndicales et à vous demander de provoquer rapidement une rencontre pour en discuter.

Le premier de ces éléments est la dernière proposition d’augmentation des RMMG du collège employeur de la branche qui vient modifier la répartition de l’enveloppe budgétaire que vous souhaitiez consacrer aux augmentations générales de salaires.

Le second élément est l’augmentation des prix à la consommation calculée à 3,6% en février sur 12 mois glissants. Cette situation nous conduit à revendiquer une augmentation générale des salaires de 4% au 1er janvier pour maintenir le pouvoir d’achat de vos collaborateurs.

Enfin, la progression importante des coûts de l’énergie depuis la dernière négociation sur le télétravail impose, selon nous, une révision de l’indemnité forfaitaire compensant les frais liés à ce télétravail pour la porter à 3 euros par jour.

Dans l’espoir de pouvoir échanger rapidement sur ces sujets,

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Directeur général, l’expression de nos sentiments respectueux.

Les délégués syndicaux centraux des organisations syndicales de l’UES AG2R.

La suite …

La prochaine réunion de négociations est prévue le 21 mars. Beaucoup trop loin pour les organisations syndicales qui ont donc demandé d’avancer ce rendez-vous.

L’issue dépendra de la volonté de la direction d’aller au-delà des 0,1% d’augmentation de la masse salariale pour les augmentations collectives.

La volonté des organisations syndicales est, elle, de convaincre du bien fondé de garantir le pouvoir d’achat des salariés qui ont dépensé sans compter leur énergie pour maintenir l’activité du groupe durant la crise sanitaire. Mais pour convaincre, encore faut-il être écouté … Et face à une surdité volontaire, il n’y a souvent qu’un moyen pour se faire entendre : hausser le ton.

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Anonyme
Anonyme
2 années il y a

il faut que l’intersyndicale prennent en compte l’invasion russe de l’Ukraine et ses impacts en cours et à venir : prix de l’énergie, blé, maïs etc.

L’inflation va s’aggraver.

Ras le bol de cette Direction et de la prochaine qui méprisent leurs propres salariés.

Anonyme
Anonyme
2 années il y a

Merci pour ces nouvelles très motivantes… Quand vous parlez de hausser le ton, songez-vous enfin à demander une grève générale ? Oui les salariés auront une perte de salaire mais ils l’ont déjà ! Face à l’inflation, prendre son véhicule pour venir travailler pour ne pas être reconnu pour le travail fourni, à quoi ça sert à part faire mousser notre Direction ! Car pendant qu’on bosse malgré tout, eux ils se disent qu’ils peuvent tout se permettre et font les beaux en montrant que chez nous tout va bien, regardez nos salariés ne se plaignent pas !

MARECHAL
MARECHAL
2 années il y a

Ce n’est pas acceptable la position de la direction ! Tous les salariés subissent cette situation économique mêmes les cadres ! A quand un mouvement solidaire…

Anonyme
Anonyme
2 années il y a

Au vu de la flambée actuelle et à venir des prix du carburant, que compte faire la direction pour les gestionnaires “ruraux” du groupe contraints d utiliser leur véhicule pour venir travailler ? Tout le monde ne vit pas dans les grandes villes pourvues de transports en commun… un 3ème jour de télétravail serait le bienvenu même sur une durée limitée…

GILBERT SINOUE
GILBERT SINOUE
Réponse à  Anonyme
2 années il y a

“La plupart du temps, les hommes généreux manquent d’argent et ceux qui en possèdent manquent de générosité”. citation de Gilbert Sinoué

MISE A JOUR SELF RH
MISE A JOUR SELF RH
2 années il y a

Bonjour, Vous ne parlez pas de la mise à jour du SELF RH. Personne n’est choquée que ce soit bloqué, presque 1 mois entier. ça ne sucite aucun questionnement ? Il est très étonnant de lire : La modernisation des processus de la gestion des temps. Ne croyez-vous pas que certaines choses vont purement et simplement disparaître ?? Par exemple : la possibilité de poser des crédits d’heures !! Pourriez-vous nous rassurer sur ce point, SVP ? et apporter une réponse à ma question. Merci d’avance

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